mercredi 31 juillet 2019

Une traduction relativement récente : sonnet 50

J'ai traduit ça cet hiver, à la Coop Les Récoltes. Je n'y suis pas retourné, car je sentais que ce n'est pas un endroit où l'on est le bienvenu. Désolé Michael! Je te trouve sympa, mais ton staff a quelque chose d'«exclusif», et non d'inclusif. Je sentais que si l'on est un tant soit peu différent, on est rejeté. Deux de tes immatures de barmaids se payaient ma tête. L'une parce que j'ai l'audace d'écrire dans la vie, ce qui lui déplaisait (elle rêve sûrement d'être écrivain.e, plus ou moins secrètement); l'autre parce que j'ai l'audace d'utiliser un téléphone sans fil (elle me prenait pour un gros bonnet — je parlais seulement à un ami au téléphone en entrant). L'ouverture d'esprit est effectivement remarquable par là! Cela dit, il est quand même chouette ton repaire, et j'espère que vous apprendrez, et j'espère qu'il va fleurir, comme ta barbe.

Mais bon, mais non, ça ne m'a pas empêché d'écrire, semble-t-il.

Par ailleurs, j'ai commencé à traduire ces poèmes il y a un peu plus de deux ans. J'en ai traduit 104 sur 154, malgré le travail, malgré l'école... Il me faut deux heures en moyenne pour en traduire un, vu les contraintes: alexandrins, enjambements, séquence des rimes; respect du propos (que je tente de formuler avec le plus d'intelligibilité possible), de l'imagerie, de l'émotion, tout en m'assurant que ce soit poétique.

Willy explique ici quelle tristesse il a en devant s'éloigner, à cheval, d'une personne qu'il aime.


Sonnet L

How heavy do I journey on the way,
When what I seek, my weary travel's end,
Doth teach that ease and that repose to say,
'Thus far the miles are measured from thy friend!'
The beast that bears me, tired with my woe,
Plods dully on, to bear that weight in me,
As if by some instinct the wretch did know
His rider lov'd not speed being made from thee.
The bloody spur cannot provoke him on,
That sometimes anger thrusts into his hide,
Which heavily he answers with a groan,
More sharp to me than spurring to his side;
For that same groan doth put this in my mind,
My grief lies onward, and my joy behind.


Sonnet L

Combien ai-je l'âme lourde chemin faisant,
Quand mon but, l'usant bout où le trajet finit,
Fait dire à mon repos et mon relâchement,
«Ils te soustraient, tous ces miles, à ton ami!»
La bête me portant, lasse de mes chagrins,
Va laborieusement, vu ce qui pèse en moi,
Comme si la pauvre sut avec quelque instinct
Que son cavalier ne veut pas s’enfuir de toi.
L’éperon plein de sang, ne la provoquant plus,
Que la rage imprime quelquefois dans sa chair,
La fait répondre d’un gémissement tendu,
Plus perçant pour moi que les dents qui la lacèrent;
Ils rappellent à mon esprit, tous ces sanglots,
Que ma peine arrive, et qu’à ma joie je fais dos.

— William Shakespeare

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