mercredi 24 juillet 2024

Jordan Peterson, entrevue avec Elon Musk

Deux grands esprits du 21e qui se rencontrent. Le lien vers la vidéo. Après, je ne sais pas s'ils disent des niaiseries ou de brillantes choses ; je n'ai vu que des extraits, pour le moment.

samedi 20 juillet 2024

Quand un poète joue à StarCraft : deuxième billet

Je ne peux pas croire que j'ai écrit le billet « Quand un poète joue à StarCraft » il y a bientôt deux ans. J'aurais plutôt misé sur six mois, un an !

Je ressors ça des boules à mites pour la simple et bonne raison que j'entrevois la possibilité d'une continuité. Toutefois, je ne peux pas en dire plus. 

Il appert que révéler un projet (ou ses détails ?), c'est potentiellement lui nuire. Si les gens nous accordent un crédit social pour une réalisation à venir, ce crédit social, qui pourrait nous satisfaire, réduit les chances que le projet se concrétise. En neurosciences, on dirait sans doute que le système de la récompense du cerveau s'est hâtivement activé. Où diantre ai-je lu ça ? Est-ce de l'ordre de la sagesse immémoriale ? Ou de l'étude scientifique la plus sérieuse ?

Dans tous les cas : j'en ai dit assez pour canaliser une volonté, pour clarifier mes idées, etc.

mercredi 10 juillet 2024

Moisson 2023 : # 1 – Parc Laurier

Mon préféré, peut-être, de toute la batch de 2023 :

***

Parc Laurier

Parc Laurier, encadré de
Quatre rues pourpres,
La nuit, dans ton berceau
De joie vaporeuse,
Visité d'ombres fêtardes
Et de marcheurs goûtant
Le fruit noir de l'air,
Dans ta vaste parenthèse
De nuit bienveillante,
Un peu soustrait
Aux crimes de l'humanité,
Encore marqué par
La gitanerie et le
Repos substantifique
Que tes arbres ont orchestré
Le jour, Parc Laurier,
Sous tes voiles de nuit
Tendres et légers,
Je te prends
Contre mon cœur ;

Je te traverse, je te
Foule, je suis foule,
De belles chaussures
Aux pieds, je m'en fous,
Je m'en lave les pieds
Et les mains, me lave
De ta petite roche
Et ton sable, je longe
Ta piscine, où quelques
Fêlés parfois sautent
De sauts illicites dans la nuit,
Je contourne ton chalet,
Longe ta plaine de jeux,
Emprunte ton petit
Sentier diagonal
Qui me fait déboucher
Sur Mentana et Laurier ;

Mais je m'en fous, Parc Laurier,
Je m'en fous, car tu es à moi
Et je t'aime, j'ai la chance
D'habiter en face de toi ;

Et si un maniaque, ombre
Plus solide que les déjections
De lune, que les murmures
Hostiles, me barrait brutalement
Le chemin ?

Ça n'arrivera pas, Parc Laurier,
Car tu n'es que joie féconde,
Luxe d'arbres, trêve lunaire.

Et même si le soleil est
À l'envers et si l'air pue
La menace non formulée du
Clan des ombres et
Que les noctambules
Répandent la poudre
De leur rire et la
Fumée de leurs joints,
Je, poète, le poète,
Celui des nuits et
Des jours et des
Mille nuances entre
Les deux, je vais
Continuer de te
Traverser, car des
Textes m'attendent,
Je dois les écrire,
Je dois te parcourir,
Tu es un bien nécessaire
Et je te croise et
Tu me croises et crois-moi
J'en sors toujours grandi.

La version qui n'intéresse personne


Chère Sacha, chère Luna ! Cré Tom !

J'ai refermé le livre tout à l'heure, le cœur on the edge of his seat jusqu'à la fin.

C'était tellement vrai. Esti, c'est puissant, violent, ça torche.

Cette petite femme pleine d'âme à la voix douce a dû faire en sorte que Mistral se retourne dans sa tombe. On n'est pas censés parler de Mistral, il n'a jamais existé ! mais entre blogueurs, on peut bien se le permettre, non ? De son vivant, il semblait à tout prix chercher un écrivain qui le dépasserait. Il n'aurait peut-être pas soupçonné que c'est une femme qui réaliserait cet exploit. En lisant La version qui n'intéresse personne, je me disais : je pense qu'il aurait capoté sur elle. Elle ne le surclasse peut-être pas, mais elle se situe dans un même voisinage. Son roman, à Emmanuelle Pierrot, pour moi, se classe très haut – pas juste dans la littérature québécoise, mais dans toute la littérature francophone. Bon, après, la comparaison s'arrête là. Mistral a un historique de violence ; dans son roman, Pierrot, par le biais de sa protagoniste, elle la combat.

Le parallèle avec Jack Kerouac a plus de sens.

Dans mon billet précédent, je disais avoir recherché l'influence de celui-ci sur la gente dame punk ; je n'étais pas assez loin dans ma lecture encore, car à un moment donné, dans ce livre, il est justement question de Jack Kerouac et du bouquin On The Road.

En tout cas. Fuck ces considérations ! Fuck les influences ! Ça brasse, ça bouge, ce roman. Il a ses qualités propres. C'est un décapant et effrayant portrait de l'être humain.

Le style ne m'accrochait pas particulièrement au départ, mais l'émotion est là, et c'est l'émotion, qui fait le véritable style. Et je trouve qu'Emmanuelle Pierrot a cette capacité à se lancer dans de petites envolées lyriques, succinctes, bien placées, par exemple pour décrire la nature.

J'aurais envie d'exprimer un bémol, mais est-ce un bémol ? Au départ, on est beaucoup dans l'enchaînement d'anecdotes. Ça parle beaucoup de boisson, de sexualité, de choses trash. C'est correct. À la rigueur, on peut y déceler une succession de petites aventures. Ça campe assurément bien l'univers. Ça prend un moment avant que l'histoire embraye, qu'on sente qu'il y a une direction. En même temps, c'est un beau pied de nez à ces procédés narratifs très populaires de nos jours.

Voici des passages que j'ai appréciés :

« Elle avait soif. Moi aussi. Je me suis allumé une cigarette. J'avais envie de rebrousser chemin, de retourner chez nous. Le soleil brillait, le lac étincelait comme du verre brisé. Au loin, un orignal broutait des algues, son corps presque immergé. J'espérais que Luna n'irait pas le déranger, je ne voulais pas qu'elle se prenne un coup de sabot. Par chance, elle n'aimait pas l'eau. Il me restait des morceaux de hareng séché dans mes poches, je lui en ai filé quelques-uns. Elle les engouffrait sans les mâcher. Elle était belle. Tom est venu me rejoindre. »

« Et c'est là qu'elles nous sont apparues, celles dont tout le monde parle, celles qui, chaque hiver, déçoivent par leur absence des centaines de touristes venus d'Asie et d'Europe, celles que les Dawsonites ridiculisent entre eux mais ne cessent jamais de chérir en secret ; c'est là qu'elles me sont apparues, les ostie d'aurores boréales du câlisse : des langues rouge vin qui léchaient le cosmos, des océans rose pastel et leur miroitement vert et mauve phosphorescent. Je n'ai pas pleuré. J'aurais pu. Si la beauté du monde avait suffi à compenser la connerie humaine, j'aurais pleuré de grâce. Mais la beauté ne sert à rien. »

mardi 9 juillet 2024

Moisson 2023 : # 2 – Le gabarit, la nuit

Je mesure 5 pieds 11 pouces,
Et encore j’arrondis,
Arrondis parce que :
Scoliose

Je mesure 5'11", donc,
Pour 190 livres,

Mais la nuit,
C’est 6' 0",
200 livres

Quand,
Montréalement,
Je marche
Sous
L’indigo foncé
Du ciel,
Près de tout ce
Qui est d’une
Sombre palette,

J’ai la tête fière,
Le dos droit.

Une fois, passé
Minuit, un grand
Gars qui semblait
Habile de ses
Mains a haussé
Les épaules, l’air
De vouloir dire :
« J’suis ton client
Si tu veux » –
Ce bagarreur,
J’ai décliné son
Offre en poursuivant
Mon chemin

Une autre fois,
Trois jeunes
Tarés trapus,
Sur Sainte-Catherine,
Donnaient des coups
D’épaules aux passants
Qu’ils croisaient ;
J’étais le prochain
Sur la liste : j’ai
Soutenu le regard
Du plus râblé,
Qui administrait
Les coups de
Deltoïde antérieur.
Il n’a pas soutenu
Le mien, de regard.

Dans la nuit,
Même si j’ai peur,
D’un petit frisson
Archaïque et stupide
Et inarticulé sous
Forme tangible,
D’un reliquat
De jeunesse tendre
Qui se laissait impressionner,
Je m’en fiche,
Car

Dans la nuit
Je mesure 6' 0",
Et pèse 200 livres

lundi 8 juillet 2024

Moisson 2023 : # 3 – Portrait d'un messie

Portrait

C'est un messie tout ce qu'il y a de plus correct.

Il courbe les azurs et les algues dans son regard. Dans la rondeur de ses yeux, il ouvre quelques pièces de son âme - un gîte ami.

Longue chevelure, barbe épaisse, barbe-éponge pour la lumière.

Il porte une tunique blanche, et, nous croyons le deviner, des sandales.

Son cœur se liquéfie tellement il brille, tellement il se meurt de trouver des gens qui l'aimeraient comme il aime. C'est une stratégie d'investissement. Il y a deux hypothèques sur son cœur.

Dans la désertique indifférence du monde, il a remarqué que sourire est l'acte qui concentre le plus de lumière. Alors il le fait, le plus souvent pour vrai.

Il eût préféré être ébéniste, mais il aimait Dieu et tout.

dimanche 7 juillet 2024

Moisson 2023 : # 4 – Portrait d'une femme rousse

Portrait

Elle ricanait comme une folle, comme une furieuse.

C'était une fille saine et gentille.

Son troisième œil était un peu myope.

Mais elle préférait écouter autrui plutôt que de juger au premier regard.

Son nom était l'emblème d'une catéchèse dépressurisée, qu'on pratiquait à la campagne ou entre amis.

C'était l'idole personnelle de trois ou quatre personnes.

Et l'ennemie de tous ceux qui ne savaient pas vivre.

Elle était rousse, capillairement elle rimait avec sa gentillesse et ses quelques excès.