jeudi 19 janvier 2012

La prééminence de l'esprit sur la matière

« Je ne me déroberai Jamais devant un adversaire, même beaucoup plus puissant que moi ; puisque c’est moi qui clame la prééminence de l’esprit sur la matière et de l’intelligence sur la brutalité, il m’appartiendra d’en faire la preuve — et si j’échoue, j’échouerai sans gloire, comme tous les pauvres gars qui dorment sous un mètre de terre et dont la mort n’a vraiment pas servi à donner aux survivants le goût de la paix. Mais de grâce, ne faites pas semblant de croire que lorsque j’insulte cette ignominie qu’est la guerre, j’insulte les malheureux qui en sont les victimes. » — Boris Vian

9 commentaires:

  1. C'est de la colère sourde ce texte, c'est ce qui fait généralement rester debout devant l'adversaire. Cette rage de fond... je la connais bien celle-là mais je dirais qu'à mon plus grand plaisir, je m'éloigne de cela et de voir que ce sentiment est loin en lisant ce texte, me fait vachement sourire. Y'a de l'espoir... ;)

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  2. Intéressant. Je vois cette rage autrement. Je la perçois canalisée, intellectualisée, édifiée. Transformée. Civilisée. Mais c'est certain que ce n'est pas un texte des plus doux.

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  3. Il n'y a qu'à penser au Dalaï Lama, et sa cause. Debout devant l'armée chinoise, depuis plus de 50 ans, sans violence.

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  4. Oh! Je ne parlais pas de ce mouvement là, de cette violence qui résonne vers l'extérieur mais celle qui résonne vers l'intérieur. C'est une implosion somme tout et je ne suis pas dans le jugement de valeur, bien au contraire. Les émotions de toutes les sortes doivent exister. Dans mon cas voir d'autres pays, m'est bénéfique mais j'ai eu du plaisir à lire, faudrait pas croire.

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  5. C'est tout un art, que de manipuler les féroces émotions intérieures. C'est jongler avec de la dynamite. Et les personnes qui le font gagnent mon respect.

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  6. Je relis nos commentaires, et je réalise que tu es dure à seizer, La Rouge, puisque tu affirmes te tenir loin de certaines émotions rouge vif (j'emploie le rouge, quand je m'adresse à Madame La Rouge). Je ne sais pas pourquoi, ah! c'est sans doute ce qui s'agite en filigramme dans ta parole, quelque chose me dit que tu n'as pas de difficulté à mettre ta main dans les plaies écarlates pour remuer le mauvais.

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  7. Intéressant. Tu vois quand j'ai lu ta lettre de Vian, j'ai ressentit sa colère comme je te l'ai décrite plus haut. Sourde. Je me suis vue bien entendue devant l'ennemi, avec la mienne, ma colère, mon expérience. Je n'ai pas maintenue longtemps l'émotion, ça s'est effondré et je me suis dite que colère était moins sourde, qu'elle avait réussi à se faire une brèche et à circuler enfin. Et l'idée de me tenir devant l'ennemi stoïque, n'était plus un désir. Contourner m'a paru pas si mal, ce qui est fort inhabituel chez moi. Je me suis dit, merde, ça change! Yeah! Quand je vous ai lu, j'ai pensé. Oh! Je me suis mal exprimée, ce qui est fort possible. Je ne voulais pas laisser croire que je suis dans le dénie concernant la colère, au contraire depuis que je la laisse vivre et circuler, et bien elle est moins implosive, donc violente en dedans. Et je ne crois pas aux contrôles des émotions intérieures mais à leurs libres circulations. Tiens spontanément, j'ai la toune *Circulation Of Shadows de Lisa Gerrard* dans la caboche, c'est exactement ça pour moi.

    http://www.youtube.com/watch?v=Z5_56aPhF7w

    Dure à seizer, je n'y arrive pas moi-même! ;D Bref, je bouge, je ne suis pas fixe et demain, je me donne le droit d'être en complet désaccord avec ce que je viens de dire à ce moment car le mouvement fait partie de l'humain. Ça me gêne pas La Rouge, c'est mon pseudo, je l'assume... le Madame déférant, un peu moins. ;P

    La pensée pour moi est comme une toile, parfois tu peins et t'es certaine de ton coups et là tu prends le lin à bout de bras, tu le retourne et fuck, il y a trois autres chemins à essayer. Tu t'empresses, tu t'agites et quand tu reviens au sens premier, il a disparu. C'est pourquoi l'abstrait me plait autant et non j'aime bien plonger dans les plaies, en eau profonde car comme Lynch le dit c'est la que les plus poissons (idées) sont.

    Bonne soirée et merci de ta visite dans la chambre.

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  8. Tellement bien dit, on a du mal à le contredire. Mais je ne peux m'empêcher d'interpréter une passivité, voire presqu'une apathie, qui, de nos jours, m'effraie de plus en plus...

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  9. Oh! Boris Vian était tout sauf apathique. Il savait rugir énormément, parfois trop, jusqu'à être exagérément corrosif. J'aime justement ces textes-là où il savait être plus pondéré, quoiqu'en même temps ferme et fort.

    Oui, l'apathie est agaçante de nos jours. Des exemples qui te taraudent particulièrement ?

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