samedi 15 octobre 2022

L'employé rapide

Certains employés sont rapides. Intenses. Ils en font plus, plus vite. Ils se différencient également par leur autonomie.

Il faut respecter le rythme de chacun. Certains ont le potentiel d'apprendre les bases d'un métier en six mois, alors qu'il faudra des années, à d'autres, pour atteindre un même résultat.

Il y a une question de potentiel, une question de conscienciosité*, et de pratique délibérée. Quel est le potentiel de la personne ? À quel point est-elle consciencieuse et travaillante ? Exerce-t-elle son travail de façon routinière, ou cherche-t-elle à se dépasser ?

*Ce n'est pas parce que j'ai critiqué le recours abusif au modèle à cinq facteurs, dans un précédent article, que je rejette celui-ci.

Trois des besoins psychologiques essentiels de l'être humain seraient les sentiments d'autonomie, de compétence et d'appartenance.

Si l'on tente de brider l'employé plus rapide, plus intense, qui exprime les traits que j'évoque plus haut, on n'entraînera que sa démobilisation, son ennui. Si l'on donne moins de tâches, d'une nature moins complexe, à quelqu'un de hautement performant, si on l'encadre à l'excès, sans que ce soit nécessaire, on le prive de deux de ses besoins psychologiques essentiels : éprouver l'autonomie et le sentiment de compétence.

Lorsque j'étais coach en entreprise, je me souviens avoir eu, brièvement, un coaché particulièrement brillant. Il apprenait son métier de façon extrêmement rapide. Or, il ne voulait pas de coaching. Il le disait de but en blanc. Il n'en éprouvait pas le besoin. Le coaching est une activité qui doit être faite de manière délibérée. Cela dit, j'étais beaucoup plus expérimenté que lui. J'avais observé son travail. Malgré son excellence indéniable, je décelais çà et là quelques petites failles, quelques améliorations possibles. Malgré tout, j'ai décidé de ne pas insister. Ses rares défauts, comme employé, ne faisaient pas ombrage à son excellence et à son intelligence. Dans le but de respecter son développement plus rapide que la norme, je lui ai dit qu'il pouvait retourner à ses tâches, et que je ne ferais pas de coaching avec lui. Je lui ai toutefois indiqué que ma porte demeurerait ouverte, s'il éprouvait le besoin de faire du coaching pour un besoin spécifique (il m'a plus tard sollicité, en effet).

L'employé plus rapide, à l'instar d'une voiture très rapide sur l'autoroute, ne peut pas attendre derrière les autres dans la voie des véhicules lents. Nier cela, c'est se fermer au potentiel de certains de ses employés, à leur apport à l'organisation.

2 commentaires:

  1. Bel éloge de la douance et du respect des modes d'apprentissages propres à chacun!

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  2. Merci pour cette observation. Je lis justement un livre sur le sujet. J'en parlerai peut-être ici.

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