jeudi 1 août 2019

Psychologie de la motivation et des émotions: un résumé

Voici un article que je veux faire depuis un mois!

C'est un pas si succinct résumé de mon cours de Psychologie de la motivation et des émotions. Pourquoi?

D'abord, c'est un sujet qui m'intéresse. J'avais autrefois conçu mon propre système motivationnel et émotionnel. Ce n'était pas vaguement théorique, quoique ce n'était pas scientifique, du fait de mon statut d'observateur et d'amateur d'introspection, plutôt que de scientifique. Le but était de mieux vivre. Donc d'augmenter ma motivation et de mieux cerner et gérer mes émotions. Il y a une grande quantité de choses que j'ai vues dans ce cours qui ne m'étaient pas, en un sens, étrangères. J'avais quelquefois, pour ainsi dire, conçu des idées similaires, mais dans une autre langue, et il me suffisait de traduire pour opérer un rapprochement avec l'enseignement.

D'autre part, je crois que c'est le seul cours, dans la même optique, qui m'a appris quelque chose de pratique, à l'échelle de ma vie personnelle. Ce billet est donc un rappel pour moi-même.

Je ne citerai pas d'auteurs, d'études ou rien, du moins pas dans le détail, ce sera juste les grandes lignes.

MOTIVATION

ACA (truc mnémotechnique): autonomie, compétence et appartenance. Ce serait les trois besoins psychologiques fondamentaux. Si ces besoins sont frustrés, cela altère notre bien-être et notre fonctionnement.

Ex.: un employeur qui ne fournirait pas un environnement permettant de bien développer ces besoins aliénerait ses travailleurs.

Plus précisément, pour l'autonomie, il pourrait s'agir de donner un sens au travail. On a alors plus de chances de vouloir le faire. Il faut par ailleurs quelqu'un, dans cette optique, qui reconnaît qui on est, nos sentiments. On sent alors qu'on est soi-même et qu'on peut s'exprimer.

Dans une étude, nous pouvions observer la corrélation suivante: une grande autonomie au travail entraînait moins d'épuisement professionnel (burnout), plus de vigueur, plus d'engagement, plus de performance.

Une grande appartenance avait le même effet, si je me souviens bien, mais c'était moins marqué.

Du reste, on ne peut pas toujours laisser une entière autonomie à quelqu'un. Comment se faire encadrant sans être contrôlant?

Ceci nous mène au support à l'autonomie. Sans trop entrer dans le détail, il s'agit d'offrir un cadre au sein duquel il est possible pour la personne concernée de faire ses choix (selon un éventail donné), et d'avoir une attitude positive et bienveillante à l'égard de la personne à qui l'on offre ce type de support. On peut aussi créer du sens en expliquant pourquoi il faut réaliser telle tâche. Il faut éviter le plus possible la pression de même que le contrôle. Enfin, il faut éviter d'offrir des récompenses trop concrètes (un cadeau, de l'argent), dans la mesure où ça émousse la motivation intrinsèque. Ce sont surtout les récompenses ayant un lien avec la notion de compétence qui peuvent accroître la motivation intrinsèque. Ex.: «Bravo d'avoir réussi ton test pour le permis de conduire!»

En ce qui a trait justement aux types de motivations, on en retrouve deux: intrinsèque et extrinsèque. Mais ce n'est pas clivé. Ça évolue sur un spectre.

Naturellement, quand on parle de motivation intrinsèque, c'est quelque chose qui vient de soi, un grand moteur.

Tandis que la motivation extrinsèque (dans le sens le plus pur), c'est par rapport à quelque chose d'extérieur à soi. Aller à l'école pour plaire à sa famille, obtenir un diplôme parce que les groupes de ressources humaines en exigent absolument un, avoir un véhicule qui attire l'attention.

Une motivation qui fut intrinsèque peut, malheureusement, devenir extrinsèque. Par exemple, si une personne aime dessiner et qu'on la «force» à le faire, ceci pourrait endommager sa motivation intrinsèque.

Une étude avec des «puzzles» pour des adultes démontrait que ce qui soutient le plus la motivation intrinsèque, c'est une rétroaction verbale (plutôt qu'une récompense).

C'est bon à savoir pour un employeur. Féliciter ses employés plutôt que d'utiliser le nanane au bout du bâton (comme la carotte pour le cheval) serait une bonne chose. Moins cher pour l'entreprise, et plus humain...

Quoiqu'une paie adéquate est certainement la bienvenue, mais ça, c'est une autre paire de manches.

Toujours est-il, ce qui explique ce que je mentionne un peu plus haut, c'est la satisfaction du besoin de compétence. Par contre, pour que ça fonctionne, il faut que ça soit dans un contexte qui supporte l'autonomie.

Davantage de recherche a démontré (après, jusqu'à quel point faut-il extrapoler?) que pour une tâche complexe, une récompense réduit l'efficacité. Mais pour une tâche simple et ennuyeuse, donner des récompenses, ça augmente la vigueur qu'on met dans la tâche, la rapidité avec laquelle on l'exécute.

Lorsqu'on a une motivation intrinsèque, mais qu'on se fait récompenser, on finit par s'interroger (plus ou moins consciemment) à savoir si on aime réellement ça. Le locus de causalité change d'endroit.

Si l'on résume pour ce point: les récompenses tangibles (ex.: de la nourriture, un prix en argent) ont tendance à susciter moins de motivation intrinsèque et à faire diminuer la créativité. Les récompenses verbales, quant à elle, ont tendance à augmenter la motivation intrinsèque. Il faut cependant faire attention au contrôle; il faudrait remplacer celui-ci par du support à l'autonomie.

Du reste, quand on a du choix (quand on est autonome), les expériences typiquement considérées comme des échecs seraient vues positivement. On les percevrait alors de façon informative. Ce qui mène à une meilleure performance.

En terminant, voici le dernier point que j'ai décidé d'aborder par rapport à la motivation: la résignation acquise. Celle-ci découle d'une frustration trop longue par rapport à nos besoins de compétence. Autrefois, dans un livre de psychologie, j'avais lu à ce sujet; sans savoir que cela portait ce nom. Par exemple, si des requins sont dans un bassin, et qu'une vitre coupe le bassin en deux, les requins vont se cogner contre la vitre en voulant aller vers l'autre moitié. Après un certain temps, ils ne voudront plus tenter de franchir la limite invisible qu'est la vitre. Si l'on retire la vitre à leur insu, ils ne voudront toujours pas aller dans l'autre portion du bassin, qui leur était inaccessible. Il en va de même pour l'être humain: lorsqu'on le limite constamment, celui-ci risque de finir par se limiter lui-même, plus tard, à cause des croyances ainsi acquises à son propre sujet.

ÉMOTIONS

J'y vais d'abord avec deux principes étonnants, mais pour le moins réjouissants. Aussi, j'y vais de mémoire, car je n'ai que des notes sommaires au moment où je rédige cet article.

D'abord, une étude qu'il nous avait été donné de lire suggérait que les émotions positives n'ont pas le caractère éphémère qu'on leur prête parfois. Elles auraient une espèce d'effet cumulatif et ainsi protecteur. Pour imager, elles permettent de développer dans l'esprit un certain fond de stabilité. Ce type de ressource mentale sera utile ultérieurement lors de moments plus difficiles.

Par ailleurs, dans la broaden-and-build theory, on dit que les émotions négatives induiraient, psychologiquement parlant, une espèce de vision tunnel. C'est-à-dire que la pensée et les actions puiseraient dans un répertoire momentanément restreint. En fait, on serait dans les comportements de survie. Tandis que les émotions positives permettraient une pensée et des actions plus souples, diversifiées, etc.

Ensuite, il a été question de la notion d'estime de soi. Lorsqu'on pense à celle-ci, normalement, c'est à l'estime en tant que trait. C'est-à-dire: «J'ai telle estime de moi-même dans l'ensemble, ou pour telle chose.» (ex.: j'ai telle estime de moi-même en général, ou j'ai telle estime de moi-même en tant que musicien).

Par contre, nous avons vu dans le cours l'estime de soi en rapport au sociomètre. C'est-à-dire que notre estime de nous-mêmes dépendrait fortement de l'opinion qu'ont les autres. Par exemple, si une personne a un comportement jugé inapproprié par la plupart des membres d'un groupe, le sociomètre de l'individu concerné va l'en aviser: son estime va baisser. Il devra donc procéder à des ajustements comportementaux afin de gagner l'estime d'autrui. Il y aurait une question de survie associée à cela. Une personne ne peut pas compromettre la survie d'un groupe. Ainsi, le groupe l'avise de ce qu'elle doit faire pour être mieux adaptée.

Ce type d'estime de soi-même ne serait pas incompatible, à ce que je sache, avec l'estime de soi en tant que trait.

J'ai par ailleurs mes réserves. Quid du cas où un groupe est malsain? On dit en psychologie qu'il faut avoir une personnalité pathologique pour être bien intégré à une société malsaine.

De façon beaucoup plus amusante, voici une citation provenant d'Internet, dont la source exacte est toutefois nébuleuse. Non! Il ne s'agit pas d'une parole de Freud...

“Before you diagnose yourself with depression or low self-esteem, first make sure that you are not, in fact, just surrounded by assholes”

À présent, parlons du contrôle personnel. Du contrôle personnel et de l'égo-dépletion! Les chercheurs en psychologie m'amusent. Ils nappent des idées relativement simples d'un beau crémage de vocabulaire (mais les écrivains font pareil). C'est en fait du self-control et de la fatigue mentale, pour ainsi dire.

Le contrôle personnel (ou self-control) est une chose que l'on exerce dans quantité d'activités.

Surveiller ce que l'on mange, s'entraîner, être attentif, voilà qui constituerait autant d'occasions d'exercer son contrôle personnel.

Notons qu'il est peu nécessaire d'utiliser le contrôle personnel lorsque la motivation intrinsèque est forte. (Ceci rejoint parfaitement l'idée que j'avais conçue, autrefois, dans mon propre système — j'avais remarqué qu'il était inutile, voire agressant pour soi-même, d'employer la pression quand la passion, ou la motivation intrinsèque, était déjà présente).

Aussi, développer son aptitude au contrôle personnel dans un domaine permettrait de développer cette aptitude dans d'autres sphères existentielles ou d'activités. Effet transversal.

La chargée de cours que nous avions proposait de ne pas employer le contrôle personnel dans trop de domaines (deux maximum, suggérait-elle). Deux, c'est bien faible, je crois. Cela dit, je la rejoins sur un point: il faudrait se réserver des domaines où l'on exclut ce type d'emprise sur soi, histoire de conserver sa santé mentale et ne pas s'épuiser.

Ceci nous mène naturellement à la notion d'égo-dépletion (que je traduirais par fatigue mentale). À l'instar d'un muscle qu'on surentraîne, notre mental peut finir par flancher, si on le soumet à trop de contrôle personnel.

Il y aurait toutefois des façons d'augmenter son réservoir d'énergie mentale. Recevoir de l'argent pourrait favoriser cela. La volonté d'aider autrui pourrait stimuler cela.

Penser qu'on a une énergie mentale illimitée retarderait également l'égo-dépletion.

Parions qu'Arnold n'était pas dans un état d'égo-dépletion rapidement, vu sa fantastique motivation et sa croyance en ses capacités.

Or, à défaut d'être un culturiste mutant, le glucose lui aussi aiderait! Il n'a même pas besoin d'être métabolisé. Nous avons des capteurs dans la bouche associés au striatum, dans le cerveau. Dès que le glucose est détecté, ceci nous fournit une certaine énergie. On pourrait donc recracher ce brownie, pas même besoin de l'avaler. Cela dit, je ne me suis pas fait prier pour manger quantité de biscuits en rédigeant cet ardu billet de blogue. Étant d'ailleurs dans un café au moment où j'écris ces lignes, je me voyais mal recracher mes bouchées.

Plus sérieusement, j'ai l'hypothèse que si le striatum a l'impression d'être régulièrement berné puisqu'on fait seulement semblant de se nourrir de sucre, le phénomène s'estompera.

Maintenant, traitons des buts qu'on se fixe.

Quels points sont à considérer par rapport à ceux-ci?

- Le réalisme de ce qu'on veut entreprendre
- Les étapes à franchir
- Notre efficacité personnelle*

*Efficacité personnelle: ce n'est pas de l'estime de soi, mais notre efficacité par rapport à une tâche.

Mais encore?

Pour des buts non spécifiques, il faut chercher à les rendre plus spécifiques. Ex.: s'entraîner trois fois par semaine.

Nous pouvons aussi penser aux buts SMART: spécifiques, mesurables, atteignables (action oriented), réalistes, temporels.

Atteignable et réaliste, c'est très proche. Réaliste, entendre: est-ce important pour nous, est-ce que ça change quelque chose?

Mais voici beaucoup plus intéressant encore: l'implantation d'intention. Il n'y a qu'en psychologie qu'on retrouve des choses d'une si désarmante simplicité et tout à la fois si sensées.

Il est possible de se programmer, afin d'implanter en soi-même nos intentions. C'est probablement parce que ça place un ancrage dans la psyché, parce que ça laisse une trace cérébrale qui constitue un repère pour les actions futures.

La formule va tout simplement comme suit: Si... alors...

Ex.: Si je vois qu'il fait beau à l'extérieur, alors j'irai marcher.

Aussi, puisque cette formule repose nécessairement sur l'environnement, on se sert de celui-ci pour nous accompagner dans nos desseins.

On peut aussi se programmer pour une situation inverse. Ex.: si on m'offre de l'alcool, alors je refuserai.

Or, le fait d'utiliser cette formule à voix haute nous engagerait d'une certaine façon. Est-ce que ça rend notre ambition plus concrète? On voit en tous les cas qu'on sort de la pure abstraction, de l'intention vague reléguée à quelque coin de la pensée.

En terminant, notre dernier cours portait sur l'expertise et la pratique délibérée. C'est probablement le seul cours que je n'ai pas aimé. On nous disait que l'expertise est le fruit d'une immense pratique (10 000 heures, lorsqu'on veut atteindre une expertise du plus haut niveau); et le talent intrinsèque n'existerait pas (seuls certains traits de caractère d'investissement et de minutie influeraient sur le développement des aptitudes). Et l'on critiquait au passage la théorie des intelligences multiples, puisque celle-ci n'aurait pas de pouvoir prédictif — ça dépend ce qu'on veut prédire!

Je crois à la profonde diversité des formes d'intelligence, et je crois au talent.

J'aime bien citer Baudelaire à cet effet:

«Ne mépriser la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.»

CONCLUSION

Les deux chargées de cours étaient fort appréciables. Tous les chargés de cours ne sont pas agréables, si je puis formuler cet euphémisme.

Par ailleurs, je n'ai pas terminé le cours avec 96% pour rien, sacrebleu. Ça aura valu les moments où je tremblais de fatigue... J'étais un peu égo-déplété, ou tout bonnement épuisé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire