À ma grande stupéfaction, ce texte du 19 octobre 2020, Ma relation aux mots, que je viens de retravailler, que j'ai pris un moment pour ciseler, était retourné dans le brouillard de mes brouillons. Je suis très heureux de le rescaper de cette nébuleuse fosse de l'oubli.
Je voulais procéder à un ajout au texte, mais ce dernier ne cadrait pas totalement. Je rédige donc un deuxième billet dans la même veine, celui-ci ; billet où, plutôt que d'explorer le thème de la relation au langage dans le jeune âge, j'aborde la notion des concepts avancés.
Ainsi, si le billet évoqué plus haut dansait sur le fil des mots, celui-ci, dans son minimalisme qui confine au lapidaire, traite de connaissances abstraites, ou carrément d'abstractions. (Les gens abstraits, comme les informaticiens et ingénieurs, ne sont-ils pas des gens de peu de mots, sachant traduire l'essentiel ?)
J'aimerais écrire, comme Rimbaud, « J'ai l'archet en main, je commence », mais ça ressemblera plus à : j'ai le crayon et le calepin, j'ébauche.
Jeune enfant, je réfléchissais ainsi à une idée analogue à, mettons, la cognition. J'étais fort impressionné par ce qu'on pourrait appeler l'intelligence. Par exemple, si l'on me disait : « Tu vas voir, un jour, les mathématiques, à l'école, ce sera très difficile », je m'endormais, le soir, douillet, bordé, dans une sorte de songe où j'apercevais un tableau d'ardoise peuplé de hiéroglyphes obscurs – et je pensais : je suis trop jeune pour comprendre ça, mais quand je serai plus vieux, je serai assez intelligent pour le faire.
Quelques années plus tard, en deuxième année du primaire environ, un texte à l'école faisait allusion au paradoxe des jumeaux d'Einstein (l'un qui vieillit normalement, l'autre à un rythme accéléré), sans entrer dans les détails érudits de la chose naturellement, et j'ai pensé – je ne comprends pas en quoi cette magnifique idée est possible, mais un jour, plus vieux, je serai capable de comprendre. (Aujourd'hui, ma compréhension de la chose est vague plutôt que granulaire, mais j'estime avoir pigé l'essentiel.)
C'est tout ce que je puis me permettre d'esquisser ce matin : mon roman m'attend.
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