mardi 5 septembre 2023

Quatre années

Cet été, un peu avant mon anniversaire, ça aurait fait quatre ans qu'on est ensemble.

Au début, quels débuts ! On a commencé ça sur les chapeaux de roue, même si je ne conduis pas, ce que tu me reprocherais lors d'une balade sur le Mont-Royal.

Qu'est-ce qui s'est passé entre le début et le baisser du rideau ?

Au départ, j'avais le cœur léger comme un astronef. Je marchais dans les rues tout fier. Je venais de trouver un cœur en or, un cœur hors pair.

J'avais un roman dans les yeux. Je salivais un roman par les yeux. Le roman de notre probable destin amoureux.

T'avais l'air de bien m'aimer, toi aussi : tu disais, avec une sorte de délectation, que j'avais de belles valeurs. J'avais mis une liste de valeurs que je m'efforce d'incarner, sur mon frigo, et ça avait l'air de te faire triper. On reconnaît le regard d'une fille amoureuse.

On faisait l'amour, justement, avec une abondance d'amour.

Un jour, un petit bonhomme, à l'origine une petite crevette, s'est mis à danser autour de nous. Un p'tit gars blond. Notre fils.

Puis le temps a passé. Il a peut-être donné raison au roman de Beigbeder, L'amour dure trois ans (l'ai pas lu, j'ose pas, mais je vais prendre son titre pour du cash).

Puis le temps a passé, en effet. Presque quatre années.

Maintenant, les doigts me brûlent. Ils brûlent d'écrire un constat, brûlent de nous revisiter.

Je pensais d'abord écrire au sujet de ton dénigrement, de la sécheresse de tes propos. Des accusations fausses, et tutti quanti. Mais pourquoi s'appesantir là-dessus ?

Ah, mais quid des disputes ? En fait, la dispute, moi, je peux pas. Surtout si son postulat c'est du vent. Ça me fait penser à ces mots que j'ai écrits.

Flash de l'esprit tandis que j'écris ce billet. Bye, Canari. Bye, Madame Caramel. Bye, je t'offre tous les surnoms de la terre.

Ce n'est jamais très propre, ce n'est jamais très beau, une rupture. C'est assez sale. Mais j'ai voulu écrire ceci pour me remémorer les débuts, qui me semblent avoir été particulièrement lumineux. Je veux me rappeler ceci pour me souvenir que de beaux moments, il y en a eu. La photographie mentale la plus juste de ce dont nous avions l'air, quand nos fantômes filaient doux, quand ça roulait fort, quand on faisait des efforts, cette photographie mentale, elle tient dans un poème.

Le voici donc. Je préfère me souvenir de ça que des engueulades.

Ta femme comptait les couleurs, les rires, les pleurs

Elle construisait une alvéole de félicité collective

Avec la science du miel et la lumière sous les arbres, elle bâtissait un rythme pour vos cœurs

Votre enfant, ce poupon plus intellectuel que les anges, observait les oiseaux, ces jouets dans le vent

Beau souvenir, n'est-ce pas ?

D'ailleurs, je préfère une rupture lumineuse à une union ténébreuse.

Bye, Canari.

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