samedi 25 février 2023

Je lis Foglia, et tabarnalacla que j'aime ça

J'ai fait du chemin. Ado, était-ce à quinze ans, le temps de l'écrire j'ai eu le temps de calculer, c'est ça, j'étais camelot pour La Presse.

Camelot, l'emploi le plus gratifiant que j'ai eu, d'ailleurs. Avec un patron en or (c'est rare, les patrons étant plus en contreplaqué d'habitude) : François Di Corpo. Un monsieur d'une rare gentillesse qui me faisait confiance, qui me parlait comme aux grandes personnes, avec le surcroît de respect offert aux camelots qui gagnent des miettes.

Dans mes immenses sacs orange, je savais que j'avais les chroniques de Foglia avec moi ; j'envisageais sérieusement de devenir chroniqueur comme lui, tout comme j'avais un oeil sur les métiers, ou plutôt les vocations de romancier, de dramaturge, de scénariste (j'admirais Fabienne Larouche pour son énorme succès), sans savoir que ces épiphanies, que ces appétits, étaient reliés à une même passion dans mon cerveau, dans mon ventre, dans mon gut. On dit de l'intestin que c'est le deuxième cerveau, en passant.

Donc Foglia avec moi. J'en savais si peu sur cet homme. N'allez pas imaginer que j'avais le temps de le lire, moi qui devais me réveiller à 5 h ou 5 h 30, tous les damnés matins. Je me levais et coupais les bandes de plastique qui serraient les journaux, remplissais mes sacs, portais attention aux cartes de nouveaux abonnés qui nécessitaient une reconfiguration mentale de mon itinéraire et, à peine éveillé, entamais ma marche philosophique matinale.

Et j'en faisais du chemin. Ainsi, il m'est arrivé de songer au métier de chroniqueur, ce faisant. À l'école, on nous en faisait lire, des chroniques. Je ne les trouvais pas tous palpitants ces messieurs. Le nom de Foglia était cependant sorti du lot. Une prof, je crois, avait affirmé qu'il parlait de son chat dans ses textes. Et d'autres trucs sur sa truculence.

Ce qu'elle nous relatait, je trouvais ça drôle, je trouvais ça original. Mais ça ne me semblait pas très profond. Come on, vieux, parle de choses substantielles ! OK, je savais qu'il le faisait ; mais je ne comprenais pas pourquoi un tel emballage ludique. Je rappelle que j'étais un philosophe de quinze ans. Qu'à cela ne tienne, je savais qu'en distribuant ce journal, le matin, je distribuais un peu d'humanité, celle de ses écrits.

Écrivain, ou quelque chose comme ça, ne serait-ce pas plus intéressant que de ronronner dans le journal ?

J'ai fait du chemin. Maintenant que j'ai trente-huit ans, je vois quelle profondeur ses chroniques avaient. Quelle plume intelligente et drôle il maniait. Et quel style littéraire il employait ; le bon chroniqueur et l'écrivain sont très proches.

J'aurais bien aimé être chroniqueur. M. Foglia, il aurait fallu que je me lève un peu plus tôt pour les lire, vos chroniques. Je suis persuadé qu'elles me seraient entrées dans le corps comme aujourd'hui, et que vous auriez été de ces hommes capables d'aider le cœur d'un adolescent à s'orienter.

Bon, d'accord, adolescent, j'ai quand même travaillé sur des sites de jeux vidéo. Ado, j'étais correcteur, rédacteur et chroniqueur pour des sites comme JeuXpress. Faut le faire pareil. Il y avait ce bouseux, ce connard fruste de plus ou moins vingt ans, étudiant en communication ou quelque chose comme ça, si je me souviens bien, qui me disait ouvertement être jaloux de mes textes. Ça le faisait chier qu'un petit cul encore englué dans l'alvéole de l'adolescence ait mon niveau de maturité dans l'écriture. Bon, ce n'est pas la première fois qu'un nono sous-accompli est jaloux de moi.

Entouka, ce n'est pas ce genre de textes que je veux écrire, aujourd'hui.

Et si j'écrivais des chroniques, sur mon blogue ? On dirait que c'est stagé, et ce l'est un peu. Je n'ai pas ajouté le bouton Chroniques dans le menu, il y a deux ou trois semaines, pour rien.

Cela fait un bail que je veux développer ma pensée davantage par rapport à quantité de sujets. Me voici parti. Parti pour revenir vers ma nature originelle. Nature originelle, ça a un petit goût de pléonasme. Pas grave, du moment que ça nous fait réfléchir sur les fausses couches identitaires qui s'accumulent autour de notre noyau.

Mais là, fuck les questions identitaires. Je retourne lire Foglia. Bye.

2 commentaires:

  1. Yé, splendide nouvelle, que le début de tes chroniques!

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  2. Tu me diras ce que tu me suggères pour rejoindre un lectorat, aussi humble soit-il. Je songeais à relayer mes billets sur Facebook et, peut-être, sur Twitter, voire Instagram. Quant à TikTok, ce n'est pas la place, la plateforme s'y prête mal.

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