mercredi 16 mars 2022

Poème sur les avenues dans la vie

En voilà un que j'ai écrit l'an passé, à peu près en même temps que celui-ci et celui-là.

Très introspectif, et très satisfaisant à écrire. Jouissif entre ses cordes serrées.

*

Tu as, désespérément, posé toutes les questions, et tu as, farouchement, demandé toutes les strates de solutions et tous les angles de réponses. Tu cataloguais celles-ci. Méditation, réflexion, écriture automatique. Le choc au corps à chaque réponse sur ton destin, comme un mannequin automobile, tu encaissais joyeusement. Autant d'expériences de pensée à classer, comme des insectes à étudier plus tard. Tu possédais maintenant un tableau périodique de petits lambeaux de destins. Tu étudiais ce tableau avec la ferveur d'un étudiant dont le front cuit sous ses cheveux blonds, sous la nuit bleue, dans le cocon concentrique d'une ampoule. Tu manipulais les variables du destin pour connaître les quarante-deux hommes que tu aurais pu devenir. Tu ne négligeais pas ton cœur, bien que ton cerveau, bélier entêté, menait le tout.

As-tu trouvé maintenant ? Sais-tu qui tu es ? Certes un peu plus, il faut le concéder. Mais après t'être quadrillé les tripes, gratifié le postérieur d'une myriade de coups de pied au cul, que dirais-tu d'être un homme qui se réapproprie son réflexe de salivation ? 

Jeune, c'est brutalement, par grands jets de pensée et impulsions braves que tu te taillais une destinée. Certes, tu t'es souvent trompé. Mais ce n'est pas une raison pour renier ton corps et ses mécanismes d'amour. Ce n'est pas une raison pour ne plus choisir avec tes yeux, tes lèvres et ta fièvre. Tu t'es réinventé homme mille fois pour enfourcher le meilleur cheval. Mais tu n'as peut-être qu'à te reconnecter à ton corps.

La poésie est une situation affective, une charité, une passion près du corps.

Le corps devient multitude et l'esprit aussi. C'est une boucle de beauté qui cautérise.

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