dimanche 20 octobre 2019

Cent douze

Je lui lisais cela, hier soir...

Sonnet CXII

Your love and pity doth the impression fill,
Which vulgar scandal stamped upon my brow;
For what care I who calls me well or ill, 
So you o'er-green my bad, my good allow?
You are my all-the-world, and I must strive
To know my shames and praises from your tongue;
None else to me, nor I to none alive,
That my steeled sense or changes right or wrong.
In so profound abysm I throw all care
Of others' voices, that my adder's sense
To critic and to flatterer stopped are.
Mark how with my neglect I do dispense:
You are so strongly in my purpose bred,
That all the world besides methinks y'are dead.


Sonnet CXII

Ton amour et ta pitié colmatent la marque
Mise à mon front par le fer chaud des bruits vulgaires ;
Que me font les bonnes ou mauvaises remarques,
Si tu vois mon âme et verdis ce qui m’altère ?
Tu es tout mon monde, donc je fais de mon mieux
Pour savoir de ta langue mes vertus, mes torts ;
Nul autre n’est pour moi, et moi rien à leurs yeux :
Bien et mal, en mes sens d’acier, seul toi les tords.
Dans l’abîme profond, je jette les pensées
Qu’ont les autres, ainsi que la vipère sourde,
Si bien que critiques et flatteurs sont barrés.
Vois au fond comme s’équilibre cette bourde :
Tu es si bien enraciné dans mon esprit,
Que chaque autre être, on dirait que la mort l’a pris.

— William Shakespeare

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire