Course de la matière

Cela faisait un temps que je voulais en parler : le Grand collisionneur de hadrons. C'est l'appareil le plus sophistiqué de la Physique. Il a été mis en branle et inauguré à l'automne 2008 — vous verrez, c'est toujours intensément d'actualité. Cet ahurissant engin, aux proportions colossales, se trouve à la frontière franco-suisse.

C'est le plus grand accélérateur de particules au monde. Pour ceux qui l'ignoreraient, un tel engin a pour but de faire bouger la matière à une vitesse absolument folle, ce qui engendre des collisions entre des éléments du monde de l'infiniment petit, impacts qui du reste ne pourraient avoir lieu hors de ce cadre d'expérimentation, sur Terre.

La matière prend ainsi le métro, 50 à 175 mètres sous terre ; dans un tunnel de 27 km.

Si vous êtes épris de Physique, avides de détails techniques, je vous suggère de lire le résumer de cette oeuvre de science (ni plus ni moins), sur Wikipédia.

Certains avaient craint que ce titanesque engin n'engendre un jour des trous noirs. Des sommités de l'univers scientifique, tel qu'Hubert Reeves, s'étaient faites rassurantes en affirmant que cela était impossible. Stephen Hawking, lui, soutenait que si trou noir il devait y avoir, il «s'évaporerait».

Ainsi, qu'est-ce qui a bien pu m'inciter à enfin vous parler du Grand collisionneur de hadrons?

Une nouvelle percutante relate un fait prodigieux et bouleversant pour le monde de la Physique. Du moins, c'est un fait que l'on s'affaire à vérifier et revérifier. On dit que ce serait une potentielle fenêtre sur la Physique du 21ième siècle. Einstein doit en rire d'excitation et d'inconfort dans sa tombe. Dans la théorie de ce dernier, théorie qui a massivement contribué à l'édification de la Physique du 20ième siècle, la vitesse de la lumière est la plus grande vitesse possible. Or, il appert que dans les expériences faites dans le Grand collisionneur, une particule, le neutrino, serait parvenue à dépasser la vitesse de la lumière. Ce n'est pas anodin. Cela viendrait ébranler l'imposant édifice de cette science. « Autrement dit, sur une course de fond de 730 km, les neutrinos franchissent la ligne d'arrivée avec 20 mètres d'avance sur la lumière si elle avait parcouru la même distance à travers l'écorce terrestre », affirme le CNRS.  Si cela s'avère toujours vrai suite à d'ultérieures expériences, la lumière aura donc été battue dans le marathon de la matière.