mardi 22 mars 2022

Exit l'or facile


Je cherche mes mots, je bégaie du clavier. J'avais composé un paragraphe d'intro beaucoup trop sérieux pour la circonstance. Allons-y avec ceci...

Voilà. Le moment est enfin venu. Celui où je peux publier ce billet. Le moment où je peux écrire...

Joie ! Car ce livre s'est finalement matérialisé. Je peux enfin le tenir entre mes mains.

En même temps, ce bouquin, pour moi, il transcende le papier. Il est le fruit d'un périple existentiel. 

À vingt ans, je rêvais d'être le Rimbaud québécois. C'est doublement manqué : je suis non pas un homme aux semelles de vent, mais un homme aux bottes de plomb, comme j'aime le dire pour rigoler (mes bagages ont cumulé peu de kilométrage) ; et il est beaucoup plus plaisant d'être soi-même, même si Je est un autre.

Be careful what you wish for, cependant. Le bel Arthur n'a pas eu de succès officiel de son vivant – en l'admirant naguère, je pensais à la qualité des textes, à leur radieuse étrangeté, et non au fait d'aboutir dans l'obscurité. Mais ce qui est magnifique, c'est que les poèmes, ils l'illuminent, l'obscurité. Ce n'est pas à ça qu'ils servent : c'est là qu'ils sont à leur place. Ceux qui font griller des allumettes en plein soleil sont, bien souvent, tout sauf des poètes. La plupart des gens qui disent être des poètes sont des blagueurs.

Je me suis autopublié. Pas par le biais d'une maison d'édition qui propose une formule pratique d'autoédition. J'ai fait le travail d'un éditeur. J'ai donc trouvé des professionnels, et j'ai coordonné le tout. Parlant de bonne compagnie : Walt Whitman n'a-t-il pas autopublié Leaves of Grass à l'âge de trente-six ans ?

Exit l'or facile. Ce titre m'est venu, une nuit, tandis que je m'endormais. Je venais de songer à ceci : je refuse d'écrire des choses belles parce que belles, des choses simplement belles, je veux aller au fond de moi, là où ça fait mal. Je compare souvent la poésie à une plongée dans les profondeurs sous-marines : c'est là qu'on risque de rencontrer les créatures les plus inspirantes, les plus curieuses, les plus originales. Mon esprit m'a donc soufflé ces mots, dans un langage à la frontière de la poésie et du patois de l'inconscient.

Ce livre, pour moi, c'est une époque, proche et lointaine à la fois. En toute transparence, ce sont des poèmes écrits entre 26 et 30 ans. Je n'écris plus tout à fait ainsi. Mais je sais que c'est mon recueil le plus fort.

Voilà, c'est donc un peu de beauté que je veux vous partager, comme un bouquet d'étranges fleurs chantantes.

Illustration : Myriam Wares

7 commentaires:

  1. Et nous accueillerons avec bonheur ce bouquet de poèmes musicaux! J'ai très hâte de pouvoir tenir entre mes mains un exemplaire de cette oeuvre! Merci à toi d'avoir osé plonger dans ce beau projet de publication!

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  2. Merci, t'es vraiment smatte. C'est spécial de tenir ce livre entre ses mains. C'est menu, finalement, 5 x 7,5 pouces. Un poupon de papier !

    T'es la deuxième personne qui dit que j'ai osé me lancer dans un tel projet. Ça m'amuse, pour moi, c'était tellement naturel, j'y pense pas... Et j'aimerais que ce ne soit pas le dernier.

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  3. Ainsi, tu es un éditeur-né, pour gérer le processus si naturellement! Un poupon de papier! C'est mignon à souhait comme expression! On en souhaite une ribambelle alors!

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    1. Je pense que plusieurs de mes entreprises dans la vie ont quelques racines en commun. C'est probablement un mélange d'ouverture à l'expérience, de rigueur, de passion... Avec ça, qu'est-ce qu'on ne peut pas accomplir ?

      Une ribambelle, je te remercie du souhait ! C'est plus facile du reste à élever que de réels poupons.

      Ça ressemble quasiment à une discussion par blogue interposé. Sommes-nous une décennie plus tôt ?

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    2. Ouverture à l'expérience, rigueur,passion... Voilà une belle recette pour bien vivre pleinement!

      Vive la blogosphère! Je rêve qu'elle retrouve ses lettres de noblesse!

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  4. Salut Mokhtar, ça fait plaisir de te voir ici !

    Un grand merci pour tes encouragements, cher camarade et collègue poète. J'espère que tu te portes bien. Je vois d'ailleurs que le souffle poétique t'anime toujours autant !

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