mercredi 29 décembre 2021

L'éditeur.trice rêvé.e

Je recherche un éditeur qui ne soit pas un semblant d'éditeur, ce qui se décline en plusieurs variétés : le néophyte sorti de l'université qui s'autopublie, et publie ses amis ; celui qui, hypnotisé par Messmer, ne voit pas certains mots et conclut à la nullité des textes qu'il reçoit ; l'écrivain-éditeur en concurrence avec les écrivains qu'il publie (souche virulente de nos jours) ; celui qui souffre d'hyperkaliémie parce qu'il a mangé trop de bananes, absorbé par son travail de tâcheron ; l'être paternaliste qui, dans un trip narcissique, fait réécrire les textes de ses auteurs afin de pouvoir se vanter de les avoir guidés ; celui dont la naïveté au sujet de son talent n'a d'égal que la facilité avec laquelle il passe ses journées à jouer à la Xbox Series X ; le sensationnaliste ; celui qui ne publie que des personnes connues ou vachement canon, pour lesquelles la parution d'un livre ne constitue qu'un écusson à coudre à leur vêtement ; l'éditeur qui mange des pissenlits, parce qu'il est affligé de la pathologie qui fait manger n'importe quoi (le pica) ; celui qui vogue sur les thématiques sociales actuelles ; le soi-disant découvreur, le prophète, qui est original, mais attention, pas trop ; l'ex-hippie embourgeoisé réducteur de têtes (soit le vieux schnock qui essaie d'éteindre les feux, d'orienter vers de mauvaises pistes ; lui aussi est écrivain à vrai dire, peut-être prof de littérature, et pourquoi pas tuer le poussin dans l'œuf ?) ; le jaloux dont les cils rougissent quand il annonce à un excellent auteur, au moyen d'un modèle de réponse, que son texte ne sera pas retenu ; celui qui a des cors aux pieds du samedi matin au dimanche soir ; celui qui rêvait d'être agronome, mais qui, inscrit dans le mauvais programme universitaire, n'a jamais voulu se manifester, et a suivi le cursus en lettres quand même ; celui dont la bouche traduit des diagrammes quand il parle ; et tutti quanti. Je recherche un éditeur, quoi. Un vrai. Quelqu'un qui croit à la littérature — pas la littérature snob, nacrée de prétention, mais la vraie littérature, qui est un immense livre rassemblant les cœurs des êtres humains offerts aux autres êtres humains. Quelqu'un dont c'est le métier, l'ambition, la vocation. Juste un type bien, ou une noble dame, juste quelqu'un de bien, avec du cœur et du cœur à l'ouvrage.

2 commentaires:

  1. Et cet éditeur rêve de cet écrivain que tu es, qui sèmes des étoiles au creux de ses envolées poétiques!

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  2. J'ai hâte que cet éditeur-là et moi on swipe à droite mutuellement ! Enfin ! Bon ! J'ai confiance que les affinités électives vont faire leur travail au moment propice.

    Et j'ajouterais ceci : "What you seek is seeking you" (Rumi) Le poète persan et toi êtes sur la même longueur d'ondes. Tu as bien saisi mon intention au demeurant.

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