samedi 31 octobre 2020

La nuit, terreau de poésie

Je ne suis jamais aussi enchanté et sévère que lorsque je lis de la poésie.

Enchanté, parce que c'est la première forme littéraire où je me suis épanoui; sévère, parce que je suis critique, justement, sans même le vouloir…

Toutefois, je me dois d'être honnête. Nébuleux, mais honnête. En fait, je dis à qui veut bien l'entendre qu'il est l'un des rares vrais poètes, au Québec.

Je lui reprochais seulement, en moi-même, de parfois être comme un boxeur qui retient ses coups.

En lisant son plus récent recueil, j'ai eu la preuve que je me trompais à moitié. Ou il est pour ainsi dire circonspect, ou il est torrentiel. Il ne semble pas y avoir d'entre-deux.

Je l'ai lu avant de m'endormir, hier soir. Je décelais malgré moi la mécanique sous-jacente à ses vers, je découvrais ses recettes. Pour rire, j'ai improvisé quelques vers semblables aux siens, devant ma blonde.

Suite logique. J'ai rêvé cette nuit que je le pastichais. Ma blonde, dans le versant onirique de la vie, de la nuit, sur l'autre facette du sou noir, voulait à nouveau que je lise à voix haute comme lui. J'avais, quoi, trois pages de poèmes pastichés. J'étais tellement absorbé dans l'écriture que finalement, je ne lui récitais rien.

Puis je me mettais à bricoler, mentalement, ma propre poésie.

Dans ma suite de rêves, les phrases fusaient, s'enchaînaient sans relâche, sans effort. Une tournure en particulier m'avait marqué. Parfois, je parvenais à me la remémorer. Plus mes rêveries naturelles progressaient, plus je l'oubliais, à mon grand désespoir.

Vers la fin de la nuit - toujours en rêve - j'ai dit cette phrase: «Il a mis le feu dans mes souliers».

Ce fut alors le grand torrent: je débitais des vers poétiques avec la même facilité qu’Eminem fait du free-style.

En m’éveillant, j’ai réussi à capter quelques bribes. La séquence que j’ai attrapée est la suivante... Je me suis empressé de la noter sur mon appareil mobile:

J'aimerais que tu me murmures à l'oreille la délicatesse des astres, l'étiolement cendré des nuits, l'ordre menuisier des conifères.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire