mercredi 30 octobre 2019

Suis tombé là-dessus récemment ; je pense qu'on est aventureux chacun à notre façon

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »

— Marcel Proust

Voici d'ailleurs les mots que je mets dans la bouche d'un de mes personnages :

« Ce monde est à réinventer. Lorsque je ferme les yeux, je vois toute l'espèce humaine. Pleines narines ouvertes, je le sens, cet essaim ! Je vois tous les pays, leurs démarcations au fil de fer. C'est pour cela qu'il m'indiffère de prendre l'avion : je suis ubiquitaire. Un esprit hippie qui souffre d'intrication. Je suis partout. Il faut non pas, à coup de voyages, se développer une « idée du monde ». Quintessentiel égoïsme ! Il faut avoir une conscience universelle, tout de suite. Il faut se connecter à l'inconscient collectif jungien. J'ai immensément plus de tendresse et de respect pour le chemineau qui, ayant des sous au creux de sa main, rêverait d'en partager une partie avec l'Africain indigent, lui aussi mal en point à l'autre bout du monde, que pour le touriste infernalement aveugle. On voyage non pas pour se faire une idée du monde, mais seulement pour en voir la partie reluisante. Les deux seuls types de voyageurs qui sont dignes, que je salue, sont les bohèmes qui ne savent jamais où ils se trouvent, puisqu'ils méconnaissent entièrement le principe de frontières, et ceux qui ont des aspirations humanitaires. »

Ce n'est pas nécessairement mon état d'esprit actuel, à moi. C'est pour illustrer l'idée qu'on peut, qu'on devrait avoir une conscience universelle, se sentir connecté à la planète. Dès qu'on ferme les yeux. C'est possible. Étant aussi un être de paradoxes, je pourrais me découvrir un jour un intérêt pour les voyages. Mais pour l'heure, je suis impécunieux et occupé. Voyage-t-on pour se dépayser, pour vivre de l'aventure ? Je vis ces choses-là en masse, dans ma propre vie, pour l'instant. Et bien que mes souliers préférés soient troués, je suis sans doute l'antithèse de l'homme aux semelles de vent ; je recherche plus l'enracinement. Et dans les quelques fantasmes épars où je me vois voyager, je me vois plutôt repartir à neuf ailleurs, avoir trouvé un peuple d'adoption.

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