dimanche 2 octobre 2016

Le blogue est mort, vive le blogue !



Un petit mot, une présentation rapide. Un adieu qui est davantage une ode à la mutation.

Ça faisait un bout de temps que j’envisageais un changement. Est-ce pour cela que tu étais moins actif sur Salve d’étoiles, dis ? En partie. Je sculptais un roman, qui se fait maintenant scruter par quantité d’éditeurs. Ça me donne le goût de revenir ici, maintenant que je peux respirer, étant donné que je dois continuer à le faire, car l'écriture est un territoire d’oxygène. Respirons une forêt à la fois. Cela dit, un remue-ménage était pour moi nécessaire.

Le nom de ce nouveau blogue n’est pas quelque coquin coup de dés. Pourquoi va-t-on au chalet ? Bon, accessoirement, je n’en ai pas, moi, de chalet. (Peut-être est-ce pour ça que je m’en invente un, dont les planches de bois sont virtuellement très solides ?) Toujours est-il, pas besoin d’avoir une charmante maison de rechange pour comprendre pourquoi ceux qui en ont une y vont : ils veulent s’ermiter. Ils fuient en douce l’empire de notre société extravertie, s’y soustraient en faisant le moonwalk. Ils sautent dans leur bagnole et se catapultent vers leur retraite étoilée de feuilles jaunes ou vertes en sifflant até logo, até mais !

Je suis un gars de l’ombre. Je suis très chaleureux, attention, mais c’est dans l’ombre que je suis à mon meilleur. C’est là que je préfère échafauder des projets, de même que contempler l’humanité, ou du moins ses potentiels futurs harmonieux. J’aime ça lorsque des gens viennent me rejoindre avec leurs bougies. À la rigueur, je suis peut-être un ambiverti. Salve d’étoiles, c’était un insoutenable requiem de gaieté. La thèse appelait cruellement l'antithèse. Le design était magnifique, mais ça éclatait de partout. Ça m’usait quelquefois les yeux.

Récemment, j’ai connu de furtives idylles avec d’autres blogues de ma création, où j’exprimais d’autres facettes de moi. Parfois, je me disais : pourquoi laisser tomber des aspects de ma personne, au profit d’autres ? Ultimement, peut-être est-ce ce roman que j’ai terminé, vaste psychanalyse organique et rythmique, qui m’a réconcilié avec le panorama de qui je suis. Je crois que c’est ce que j’ai écrit de plus honnête, de plus apte à représenter ma personne, dans sa loufoque entièreté. Je gagne à m'unifier, que je me dis parfois.

Je pense que toutes les étiquettes que j’ai attachées à ce billet, symboliquement, en font foi. (Mise à jour: j'ai retiré la ribambelle de libellés. Mais on comprend le principe.)

Aussi et surtout, je veux parler de mes idéaux. Précédemment j'étais gêné de le faire ; l'ancienne incarnation de ce lieu mettait de plus en plus l'emphase sur l'esthétisme au détriment de la pensée. Or, on vit dans un monde profondément cynique, cela me chagrine. Je crois sincèrement, résolument que l’on peut changer le monde. C’est d’ailleurs ce qui m’obsède le plus. Notre arbre de vie doit avoir racine dans le ciel.

Mais il faut se garder, justement, de négliger nos racines réelles. Nous vivons certainement dans un monde de boue. C’est ce dont je veux me rappeler, à présent. Trop de pensées, de divagations, ont eu raison de moi, m’ont écorché. Il faut être au moins un peu connecté à la réalité. Comme en témoigne ce juvénile poème, écrit à vingt et un ans :

Nuage

Ô, nuage, baveux et crispé et doux, gage
Suave, m'entraînes-tu sur un pont cosmique ?
Rivé à ta plage, j'ai un regard comique.
Sur tes étages, un roulis doux, un partage !

Ta cage est sans rage, concave, un peu trop sage ;
Tel est l'adage ; s'ils ne le savent, je pique !
Ô, contagieuses formes, sur vous j'applique
Un regard comme à des hanches, tel un bandage.

Volupté servile, dans ton preux patinage
Tu es une épave, coulant sur une lave,
Tu me dépraves, me gaves lors du voyage.

Quel bel essayage ! Mais tu es vide et grave !
Il faut du courage sous ton passage oblique !
Car ton encombrante futilité étrique !


Voilà ! Rebienvenue. Le blogue est mort, vive le blogue !

P.-S. — Je conserve l’adresse www.salvedetoiles.com, pour un certain temps, car c’est ce qui figure sur ma « carte d’affairé », et j’ai payé pour le nom de domaine. L’adresse officielle est chaletspirituel.blogspot.ca, mais la redirection aura lieu pendant un moment, à l’instar des anciens numéros de téléphone qui pointent vers les nouveaux.


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