lundi 3 décembre 2012

Tirer ce qu'il y a au fond du verre avec sa paille dans le but d'en faire monter un titre

— Tu as publié des livres ?
— Non.
— Tu es un amateur ?
— Volontiers.
— Hein ?
— Je suis beaucoup trop professionnel pour ne pas être un amateur.
— Pardon ? C'est évident... Mais encore ?
— Ouf.
— Alors tu aspires à être professionnel ou amateur ?
— Professionnel.
— Ah ! Et les livres ?
— Ta gueule.
— Pardon, mais, je ne comprends pas.
— Être écrivain, ça, c'est dans la pulpe du coeur. Mais passons. En somme, je pense qu'il faut vivre ses projets d'écriture, toutes les fois, comme si c'était la première fois. Il faut sempiternellement se faire dévierger. Je t'en passe un papier. C'est en ce sens que je suis précisément professionnel.
— Et les livres ?
— Ça viendra. Et ce jour-là, tu vas entendre une sorte de sifflement studieux, je t'en aurai lancé trois ou quatre en même temps... De préférence, ceux lourdement reliés, qui viennent de la bibliothèque. Cinq cents points pour la tête. Points de suture.
— Tu es méchant !
— Tout le plaisir est pour moi. Alors, je t'aide, avec ces petits mots croisés ?
— Oui, donc le mot que je cherche, ça dit ici... attends... laisse-moi voir... mot de huit lettres, dont la principale activité est l'écriture. C'est un scribe, tu penses ? Scribeuh, peut-être ?
— Sept livres, mille points. Un parchemin stellaire dans la face.
— Quoi ?
— Peut-être que le dictionnaire ferait...
— Ah ! Oui, tu crois ?

2 commentaires:

  1. "Il faut sempiternellement se faire dévierger."

    J'adore. On semble approcher l'écriture un peu de la même façon, toi et moi.

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